En invitant Donald Trump le 14 Juillet à Paris, Emmanuel Macron souhaite « tendre la main » au président des États-Unis pour le « ramener dans le cercle » et « faire en sorte » qu’il ne soit « pas isolé », a expliqué jeudi le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
« Ce n’est pas [Trump] qui a vocation à être mis en avant, ce sont les États-Unis d’Amérique qui, il y a cent ans, un siècle, sont venus libérer la France », a expliqué Castaner, interrogé par la chaîne LCI sur le sens de l’invitation par Macron du président américain au défilé de la fête nationale française sur les Champs-Élysées.
« Il y a aussi une dimension politique. Emmanuel Macron souhaite faire en sorte que le président des États-Unis ne soit pas isolé. Il prend quelques fois des décisions fortes que nous regrettons comme par exemple sur le climat. Mais on peut faire deux choses : soit on dit +On ne vous parle plus parce que vous n’avez pas été gentil+, soit au contraire on continue de tendre la main [pour] le ramener dans le cercle », a poursuivi le porte-parole du gouvernement.
Emmanuel Macron « peut permettre justement, en tendant la main comme il le fait symboliquement ce jour-là, de ramener le président des États-Unis dans le cercle ».
C’est « la stratégie française qui considère que nous n’avons pas nous à dire à tel ou tel +Tu n’es plus dans le cercle, tu n’es plus dans ceux avec qui on va parler+. On doit au contraire systématiquement parler. Qu’il s’agisse de chercher la paix en Syrie ou qu’il s’agisse de se battre contre le réchauffement climatique », « il faut que nous soyons dans le cœur du système », a développé M. Castaner.
Pour autant, il estime aussi que « le monde occidental se fissure depuis l’élection » de Donald Trump et il évoque des « différends », en particulier « un désaccord sur le climat ». « Je le regrette, je le combats, avec beaucoup de force », ajoute Emmanuel Macron, qui promet de faire « tout pour convaincre les villes, les États fédérés, les entrepreneurs américains de nous suivre ». « Les Américains seront de fait dans l’accord de Paris, que l’État fédéral le veuille ou non, grâce à cette mobilisation locale très forte. »
Il souligne également des « différends sur le commerce » en déplorant « une tentation protectionniste (qui) renaît aux États-Unis ». « Je souhaite qu’on défende le libre et juste commerce. Le protectionnisme est une erreur, c’est le frère jumeau du nationalisme et cela conduit à la guerre », insiste-t-il, tout en assurant qu’« on peut trouver des espaces communs pour lutter contre les pratiques inacceptables comme le dumping ».
Le député écologiste européen Yannick Jadot a qualifié sur RFI cette invitation de « récompense symbolique indigne au regard d’un président américain qui a fait un bras d’honneur à l’Humanité et au climat en sortant les États-Unis de l’accord de Paris ».
Évoquant la crise syrienne dans son entretien avec le chef d’État américain, le Président français Emmanuel Macron a déclaré que la destitution de Bachar al-Assad ne faisait pas partie de la politique de Paris et qu’il faudrait se concentrer sur la lutte antiterroriste.
Jean Bricmont, professeur à l’université de Louvain-la-Neuve et Jean-Maxime Corneille, analyste politique nous donnent plus de détails à ce sujet.